Ca fout la trouille quand on le réalise
Je viens de me rendre compte d'une chose relativement physique sur les deux mamelles de ce site. C'est que... Bon, voilà, c'était inévitable: il y en a parmi vous que la phrase précédente a fait hurler de rire. Je ne suis pas peu fier de cette dernière, puisque je suis arrivé à placer le mot "mamelle" dans un texte sans que son contenu soit cochon; et il faut que quelques-uns pensent aux implications pornographiques de ce terme. Chers lecteurs, marquons une pause dans cet article pour les laisser calmer leur fou-rire.
Donc. Ce n'est une surprise pour personne, les deux grands sujets abordés sur r-l.net sont les jeux vidéo et la japanime. Or, c'est en posant un regard paresseux sur ce matos informatico-littéraire que leur composition moléculaire me sauta aux yeux: tout ceci n'est qu'un gigantesque tas de plastique (beaucoup), de papier (pas mal) et de métaux lourds (polluants). Qu'il s'agisse de DVD, des consoles, des boîtes, des manettes, tout n'est que plastique - à l'exception des PC qui restent boîtes de conserve. Sûrement le matériau le moins noble de tous; même les couvertures des livres sont plastifiées. Ce n'est pas un peu triste? Même nos plus belles pièces de collection restent de vulgaires polymères dénués de charme esthétique ou de connotation luxueuse; c'est bien le Diable si UT2004 ou Akira (Zone 1) ont droit à une édition limitée avec une surcouche en métal (en fait, c'est de l'alu).
L'article commence en le rappelant bien: ce n'est qu'une considération bien physique, surtout qu'on n'accorde pas le moindre regard à la manette quand on joue ou au DVD quand il est dans le lecteur - et qu'au fond, une Super Nintendo tournerait toujours aussi bien si elle était en bois (*). Ce que l'on a à l'écran est toujours aussi virtuel et immatériel, seule une texture faisant la différence entre métal ou pierre. Mais au fond, le look de l'engin reste le premier contact avec ce dernier: ce regard limité à la surface, celui du profane. Maman n'a-t-elle pas été la première à réaliser que la NES était vraiment moche? Les magazines généralistes n'ont-ils pas encensé la Megadrive à sa sortie pour sa carrosserie noire et profilée, la proclamant "Rolls des consoles" (la NeoGeo a eu le même surnom, mais pour sa puissance et dans la presse spécialisée)?
Cette hégémonie du plastique est évidemment un énième héritage des origines du jeu vidéo, voire du jouet vidéo. Toujours cette idée reçue du public enfantin, facilitant le traumatisme feint des médias quand arrivent Sanitarium ou GTA. Difficile de convaincre les grandes personnes (surtout quand c'est elles qui tiennent le porte-monnaie) de la maturité d'un Metal Gear Solid quand les boutons de la manette ont été créés par des gens tout fiers d'avoir fait Math Sup' option Géométrie, de la poésie et de la mélancolie d'un Majora's Mask quand la N64 existe en version Pikachu ou de la peur légitime devant Eternal Darkness quand on préfère vous poser des questions sur cette foutue poignée derrière le GameCube. Sûrement que les constructeurs ont fini par piger la chose, pondant des designs plus seyants pour figurer à côté du magnétoscope sous la télé du salon; n'empêche que ça aura pris du temps, et pas mal d'hésitations. Sega sort sa Master System en noir, puis sa Megadrive en noir, sa Saturn en noir, avant la Dreamcast en blanc. Nintendo, lui, sort NES en gris, SNES en gris clair, N64 en noir, puis GameCube en mauve (plus d'autres couleurs au choix, mais le violet reste la couleur officielle). sony hésite sur le gris avant de se décider pour le noir. Une console doit-elle être longue (SNES), large (MegaCD 2), ou carrée (PC Engine, Dreamcast, Saturn)? Haute (32X, Xbox) ou aplatie (ps2)? Doit-on la poser verticalement ou à plat? Même sur les consoles qui sortent actuellement, les questions sont toujours posées (celle à la mode en ce moment: un ou deux écrans?). Et au fond, ça prouve que même presque 30 ans après leur naissance, rien n'est encore écrit dans la pierre en ce qui concerne le futur des jeux vidéo. La syntaxe la plus simple de ce jeune art est toujours en train d'être écrite. S'il y en a, que les lecteurs les plus jeunes de ce site (ceux qui ont commencé à jouer avec les 32 bits) se réjouissent: ils ont peut-être raté une étape de cette histoire, mais il reste encore beaucoup à découvrir.
(*) Impossible de trouver une "case mod" de NES ou SNES dans du bois... Etrange.
Donc. Ce n'est une surprise pour personne, les deux grands sujets abordés sur r-l.net sont les jeux vidéo et la japanime. Or, c'est en posant un regard paresseux sur ce matos informatico-littéraire que leur composition moléculaire me sauta aux yeux: tout ceci n'est qu'un gigantesque tas de plastique (beaucoup), de papier (pas mal) et de métaux lourds (polluants). Qu'il s'agisse de DVD, des consoles, des boîtes, des manettes, tout n'est que plastique - à l'exception des PC qui restent boîtes de conserve. Sûrement le matériau le moins noble de tous; même les couvertures des livres sont plastifiées. Ce n'est pas un peu triste? Même nos plus belles pièces de collection restent de vulgaires polymères dénués de charme esthétique ou de connotation luxueuse; c'est bien le Diable si UT2004 ou Akira (Zone 1) ont droit à une édition limitée avec une surcouche en métal (en fait, c'est de l'alu).
L'article commence en le rappelant bien: ce n'est qu'une considération bien physique, surtout qu'on n'accorde pas le moindre regard à la manette quand on joue ou au DVD quand il est dans le lecteur - et qu'au fond, une Super Nintendo tournerait toujours aussi bien si elle était en bois (*). Ce que l'on a à l'écran est toujours aussi virtuel et immatériel, seule une texture faisant la différence entre métal ou pierre. Mais au fond, le look de l'engin reste le premier contact avec ce dernier: ce regard limité à la surface, celui du profane. Maman n'a-t-elle pas été la première à réaliser que la NES était vraiment moche? Les magazines généralistes n'ont-ils pas encensé la Megadrive à sa sortie pour sa carrosserie noire et profilée, la proclamant "Rolls des consoles" (la NeoGeo a eu le même surnom, mais pour sa puissance et dans la presse spécialisée)?
Cette hégémonie du plastique est évidemment un énième héritage des origines du jeu vidéo, voire du jouet vidéo. Toujours cette idée reçue du public enfantin, facilitant le traumatisme feint des médias quand arrivent Sanitarium ou GTA. Difficile de convaincre les grandes personnes (surtout quand c'est elles qui tiennent le porte-monnaie) de la maturité d'un Metal Gear Solid quand les boutons de la manette ont été créés par des gens tout fiers d'avoir fait Math Sup' option Géométrie, de la poésie et de la mélancolie d'un Majora's Mask quand la N64 existe en version Pikachu ou de la peur légitime devant Eternal Darkness quand on préfère vous poser des questions sur cette foutue poignée derrière le GameCube. Sûrement que les constructeurs ont fini par piger la chose, pondant des designs plus seyants pour figurer à côté du magnétoscope sous la télé du salon; n'empêche que ça aura pris du temps, et pas mal d'hésitations. Sega sort sa Master System en noir, puis sa Megadrive en noir, sa Saturn en noir, avant la Dreamcast en blanc. Nintendo, lui, sort NES en gris, SNES en gris clair, N64 en noir, puis GameCube en mauve (plus d'autres couleurs au choix, mais le violet reste la couleur officielle). sony hésite sur le gris avant de se décider pour le noir. Une console doit-elle être longue (SNES), large (MegaCD 2), ou carrée (PC Engine, Dreamcast, Saturn)? Haute (32X, Xbox) ou aplatie (ps2)? Doit-on la poser verticalement ou à plat? Même sur les consoles qui sortent actuellement, les questions sont toujours posées (celle à la mode en ce moment: un ou deux écrans?). Et au fond, ça prouve que même presque 30 ans après leur naissance, rien n'est encore écrit dans la pierre en ce qui concerne le futur des jeux vidéo. La syntaxe la plus simple de ce jeune art est toujours en train d'être écrite. S'il y en a, que les lecteurs les plus jeunes de ce site (ceux qui ont commencé à jouer avec les 32 bits) se réjouissent: ils ont peut-être raté une étape de cette histoire, mais il reste encore beaucoup à découvrir.
(*) Impossible de trouver une "case mod" de NES ou SNES dans du bois... Etrange.
Par Raton-Laveur le 15 juillet 2004, 15:22 - Jeux vidéo - Lien permanent
Commentaires
(c'est vrai quoi, en maternelle, on avais des trotinetes en bois, aujour'hui, c'est plus que de l'alu ou plastoque...
Il y en a bien qui font de carcasses de PC avec du lecgo:
http://members.cox.net/rich...
Bon, avantage au plastique : réutilisable pour faire d'autres truc après (inconvénient : il n'y a pas intérêt à overclocker le pross ou faire cramer la mobo)
Par contre y'a aussi l'édition limitée de Princesse Mononoke qui est en bois.
Et génial le PC en lego!
Jeux et sport appertiennent au cadre bien précis des loisirs. La deffinition que tu donnes de l'art est incomplète, ce n'est pas "ce qui a pour but d'être beau", mais "ce qui a pour premier, voir seul but, d'être beau".
Ce n'est déjà pas la même chose, parce qu'ici ont peut toujours discuter des heures sur la notion de beauté (et encore les critères de beauté ne sont pas, contrairement à ce que tu affirmes, flous, ils sont simplement multiples, selon le lieu, l'art, l'époque, le style , et ainsi de suite. Ce que fait Mozart, c'est beau, sans ambiguïté possible, mais sur les critères bien précis de la musique classique symphonique), le fait est que les loisirs ne rentre plus du tout dans ce cadre, puisque leur but premier, sinon leur seul, est de procurer une distraction.
Le travail du créateur de jeux vidéo consiste avant tout à concevoir la meilleur distraction possible, en travaillant le game play, les possibilités de jeu et d'interraction, en s'assurant que le scénario, avant d'être bon ou cohérent, sois avant tout distrayant et source de scènes jouables par le joueur. Le soucis esthétique passe après, même s'il est bien présent.
Alors que l'artiste non seulement ce concentre d'abord sur la beauté de son oeuvre, mais ne se contente pas seulement d'essayer d'exceller dans la norme, mais de dépasser cette norme, d'amener dans l'art de nouvelles choses qui peuvent choquer (et ceci n'a rien de récent : La 9ème symphonie de Beethoven, parce qu'elle contenait quelques accords discordants, était considérée comme inécoutable par ses contemporains).
Bien sûr le créateur de jeux peut aussi apporter des innovations, voir des révolutions, il n'en reste que cela concerne avant tout le domaine du gameplay, on a jamais vu un créateur de jeux vidéo révolutionner l'esthétique, et d'ailleurs on ne lui demande pas !
On ne demande pas à un créateur de jeux vidéo de faire de l'art, on lui demande de faire des jeux. Tu as constaté toi même ce qui se passait quand un jeux essayer de se couler dans le moule d'une forme artistique (MGS2) : l'ennui pour le joueur. Et c'est bien là qu'on voit l'opposition qui existe entre jeux et art : Un jeux qui serait conçu comme une oeuvre d'art serait d'un ennui mortel pour qui voudrait y jouer.
Tu parlais aussi de la synthèse des arts. Mais la synthèse des arts n'engendre pas un nouvel art, elle engendre un *média*, et un média peut servir aussi bien le domaine de l'art que le domaine du loisir.
Le cinéma, considéré comme le 7ème art, et synthèse des 6 premiers arts, est un bon exemple : C'est avant tout un média, où l'on trouve aussi bien des oeuvres d'arts que des objets de divertissement (cette distinction ne constitue d'ailleurs en elle même nulement un critère de qualité, je suis le premier à admettre qu'on trouve de bon films hollywoodiens et de mauvais films d'auteurs).
Idem pour le design et l'artisanat (dans artisanat ya art ? oui, et dans industriel il y a riel, comme dirait Vaquette) : Un meuble, aussi beau soit-il, reste un meuble, qui doit avant tout satisfaire à ses fonctions de meuble, c'est à dire être fonctionnel, ce qu'on ne saurait éxiger d'une oeuvre d'art (et de ce point de vue, l'urinoir de Duchamp, parce qu'il perd sa fonction première, est bien du domaine artistique, après on est tout à fait en droit de contester que cet art là soit beau, mais c'est un autre débat).
Et je ne dis pas tout ça dans un quelquonque but de dénigrement des auteurs de jeux, mais bien parce que la confusion me parait dangereuse : Un jeux vidéo oeuvre d'art serait un objet batard et instable, qui ne satisferait ni le gamer par les sacrifices de game play faits à l'art, ni l'esthète par les sacrifice artisitiques faits au game play.
Donc non, le 10ème art, ce n'est pas le jeux vidéo, pas plus que le jeux de rôle. Ce sont des jeux, parfois mauvais, souvent bon, des fois sublimes, mais ce sont des jeux et on ne leur demande pas autre chose.
;)
Au passage, ça rend les éditions limitées "vert transparent" et "cristal" complètement débiles, puisque cette énorme tôle est la seule chose que vous verrez.
Je reviendrai probablement sur le post de Légion, au moins parce que les commentaires sur le sujet seraient HS par rapport à l'article actuel et probablement trop intéressants pour être paumés. Wait and see...
Evidement, on peut dire que les jeux vidéo ont vraiment connu une expansion industriel avec Pong dix ans plus tard. Dans ce cas, ce n'est tout de même pas "presque 30 ans", mais "plus de 30 ans". Voila pour la précision ^^
Yaku