Tant qu'à vous parler de ce jeu, autant commencer par sa manette dédiée. Vous savez, le truc qui fait que je vais bouffer des pommes de terre pendant un mois... Comme tout le monde a déjà parlé des points principaux - deux sticks dont un à un axe et un autre sans retour, un bouton champignon, une molette pour fréquences radio, une boîte de vitesses, 40 boutons, trois pédales, une touche d'éjection protégée par un capuchon - comptez sur moi pour vous dévoiler ce que les autres n'ont pas trouvé utile de vous dévoiler.


Première chose: en ouvrant le packaging, l'odeur qui s'en est échappée m'a rappelé celle du vernis. Comme de la graisse, ou quelque chose dans le genre: en tout cas, ce n'est pas ce qu'on sent en ouvrant un jeu vidéo habituel. Ah, ça y est, ça commence: vous êtes encore en train de me regarder bizarrement. Pourtant, je vois pas ce qu'il y a de mal à se sniffer à l'odeur du matos...

L'emballage est vraiment très soigné: une couche de carton plié qui protège le jeu (boîte DVD verte classique des jeux Xbox) et le manuel (format artbook, en plusieurs langages; j'en reparlerai plus longuement la prochaine fois), un dépliant dédié à l'assemblage de la manette et deux-trois paperasses classiques (infos sur la garantie, épilepsie, pubs). Un deuxième manuel est dans la boîte DVD: il n'est pas redondant, donc il y a de quoi lire.


Mais tout ça, ce ne sont que deux centimètres de profondeur dans une boîte qui en fait 40. En-dessous, c'est la folie: tout est fermement empaqueté et tenu en place par suffisamment de carton plié pour reconstituer un arbre.

Les deux blocs de commande (le gauche avec un stick et une poignée de vitesse, le droit avec un autre stick et un pavé de boutons) sont au-dessus du pédalier et du bloc central. J'ai pour habitude de me souvenir comment les choses sont emballées afin de pouvoir les replacer telles quelles quand je les range, mais là, y'a pas moyen... Ce n'est vraiment pas le genre de matériel prévu pour être mis au placard - un peu comme la 32X en fait: après montage sur la Megadrive, c'est très chiant à retirer. Il y a dix vis (huit suffisent, on apprécie celles de secours) et le câblage est très long (il y a aussi le système de sécurité “cassant” le cordon qu'on trouve sur la manettes Xbox classiques).

Le tout s'assemble plus vite qu'une étagère de chez Castorama, avec quelques surprises de taille. Primo: les blocs se relient entre eux... Avec des nappes IDE. 40 broches, pour être précis. Secundo: on sécurise le tout avec des plaques que l'on visse sous le contrôleur... avec une clé Allen fournie. Il y a même un emplacement sous le bloc central pour la fixer quand on a terminé. Tertio: le jeu est de Capcom, mais le matos est “Made In China - Sammy Corporation”. Vivivi, le même Sammy qu fait des pachinko (article très intéressant sur le sujet), des Guilty Gear X et qui a failli fusionner avec Sega. Tertio: le dessous du bloc central est occupé par une liste de noms japonais écrits en romanji: sans doute les auteurs de cet engin. Ca me rappelle l'Amiga et les noms de ses designers que l'on trouvait gravés à l'intérieur de sa coque plastique... Steel Battalion et l'Amiga, tous deux des trucs de passionnés.

Beaucoup ont dit que cette manette est la plus grosse au monde. Que nenni, dit le tanuki. Je n'arrive pas à la retrouver sur le Net, mais une chaise pour la Megadrive était sortie à la grande époque: c'était un fauteuil monté sur un axe et l'on devait se balancer pour faire la croix directionnelle. Un bâton avec deux boutons était placé de chaque côté pour faire les touches A, B, C et Start. Bref.


Le pédalier se relie au bloc central via un port PS/2. Le tout est relié à la console via un port manette classique: bien que SB soit un jeu à 1 joueur (une version XboxLive nommée “Line of Contact” est prévue), le manuel précise qu'il ne faut pas brancher plus de deux manettes SB sur la même console en même temps. En analysant un peu les signaux envoyés, on voit que la quarantaine de boutons est principalement émulée via des combinaisons des touches de la manette classique. Note à l'attention des méchants qui ont une console pucée : allez dans votre dashboard modifié et désactivez la fonction de reset depuis la manette avec une pression simultanée de plusieurs touches, puisque c'est celle qui correspond au starter sur la manette...

Le contrôleur n'est pas Force Feedback ou à vibrations; par contre, la plupart de ses touches ont une LED intégrée, à ma connaissance, c'est une première. Vous savez déjà que le port joystick Xbox n'est qu'une prise USB modifiée avec un voltage plus élevé: question consommation électrique, ce périphérique doit atteindre des sommets.


L'ensemble est entièrement en plastique, y compris les pédales qui donnent l'impression d'être en aluminium; la seule exception étant les fines couches de métal qui recouvrent le dessus des blocs de commande. Ca tient en place avec des patins antidérapants vraiment efficaces, y compris pour le pédalier qui est assez lourd pour ne pas trop bouger. L'élément qui me semble le plus fragile est la boîte de vitesses: elle est incrémentée et montée sur un axe assez haut. Résultat, quand on la prend en main, on a la sale impression qu'elle va se briser parce qu'elle va se coincer sur un incrément. Mais peut-être être que c'est juste dans ma tête, hein. A l'opposé, je craignais que le capuchon au-dessus du bouton d'éjection ne résiste pas à quelques soulevages en panique: il semble être solidement fixé et je ne m'inquiète pas trop pour lui.


Au final, l'engin de 90 centimètres de large vaut son prix. Ayons une pensée nostalgique de ce temps où les simulateurs de vol pour PC étaient légion et où les ensembles HOTAS se vendaient 150€ au bas mot. A présent, même Freelancer se joue à la souris et est incompatible avec les joysticks. C'est sûr que pour les gamers qui ont connu ce temps, 200€ pour Steel Battalion semble être le juste prix, à l'opposé des joueurs plus jeunes - ou moins riches - qui s'étrangleront devant une étiquette pareille. Ce jeu est prévu une niche bien réduite, c'est une évidence... Mais j'en reparlerai losque le jeu lui-même sera abordé.


Le principal point négatif étant que je n'ai pas une confiance totale en sa solidité; c'est d'autant plus triste quand on garde en tête que c'est un fabricant spécialisé en arcade qui l'a pondu. Le crash test étant: si on installait cet engin tel quel sur une borne, tiendrait-il le coup? Réponse: non. Comparez au stick arcade Dreamcast avec son axe d'un demi-centimètre de diamètre en acier, ou à l'Arcade Power Stick Megadrive (j'en ai trois depuis dix ans et ils ont volé aux quatre coins de la salle sans broncher). A l'inverse, vous pouvez quand même me juger très sévère sur la solidité du matériel: d'aucuns peuvent témoigner sur les manettes empaillées au-dessus de ma cheminée. Il est donc largement assez résistant pour le joueur relativement non-violent.


Pour le reste, il est vraiment ergonomique, les touches sont bien disposées et c'est vraiment l'objet de fantasme limité à 50 000 exemplaires dans le monde (650 pour la France) sur lequel je bavais: du matos d'otaque (catégorie gamer/japanime) en phase pré-terminale, symbolique du point de non-retour et carte de visite du hardcore gamer (collectionneur en plus). Quoique c'est un peu gros pour une carte de visite...




Bon, je retourne y jouer et on reparle du jeu lui-même plus tard. En attendant, vous connaissez l'exercice: montrer cet article à ceux qui se croient foutus pour leur montrer qu'il y a pire... Allez, bonne fin de week-end à tout le monde.